Une révolution est en cours dans le monde arabe, qui ne fait que commencer, L'idée de liberté a fait son chemin et explose en tous lieux aujourd'hui, signifiant le commencement d'une époque nouvelle sans doute. L'imprévisible a eu lieu, sans signes avant-coureurs, même s'il vient de loin : ce qui fait un événement historique. L'imprévisible a la dimension de l'inespéré pour les peuples concernés, même si tant attendu certainement, l'évenement a surpris le monde entier jusqu'à ses acteurs. Impossible à imaginer tant il y fallait de courage et de désir, tant il fallait la rencontre de multiples causalités réunies . C'est cela qui fait les révolutions, précisément. A la face du monde "libre" et traditionnellement donneur de leçons, ébahi, la liberté qu'il a inventée le stupéfie lorsqu'elle vient d'Orient. L'événement qui laisse cois nos responsables politiques européens -ou qui se montrent obscènes quand ils s'expriment : Fillon saluant le "courage" de Moubarak à donner sa démission, après Berlusconi souhaitant le maintien de Moubarak et de son pouvoir sur l'Egypte la veille encore de son départ !- ressemble fort à une leçon donnée au monde . Une vraie leçon et justifiée celle-là, une démonstration que la révolution est encore possible : un peuple uni et déterminé, fraternise dans les valeurs de liberté et d'égalité, invente son mode de résistance et d'auto-organisation pour occuper les lieux symboliques, et chasse son tyran corrompu, l'un après l'autre.
Deux pays ont allumé la lumière.
Deux pays où les dictatures ne pourront pas disparaître si vite, où la lutte sera longue, et certainement très longue, compte tenu de l'appareil répressif, compte tenu des ressources économiques et des richesses entre les mains des pouvoirs, moins fragiles de ce fait, ce sont encore l'Iran et l'Algérie dont les peuples méritent attention et respect.
Les mollahs iraniens clament leur soi-disant soutien à ces soulèvements qui en annoncent d'autres, mais comme les dirigeants Chinois, ils censurent les nouvelles venues d'Egypte et interdisent toute manifestation de solidarité.
Le courage est aussi présent en Iran, en Algérie, aussi grand que l'aspiration à la liberté.
L'opposition iranienne ne reste pas muette face aux soulèvements des peuples arabes contre les dictatures : malgré l'interdiction de s'exprimer, malgré la censure des révolutions tunisienne et egyptienne sur internet et la coupure d'al-Jazeera inaccessible en Iran, malgré la répression et les menaces du pouvoir, un appel à manifester est lancé par l'opposition iranienne, bien que Karoubi et Moussavi soient assignés à résidence, l'opposition iranienne tente de se faire entendre.
Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, ont appelé à une manifestation le 14 février prochain en solidarité avec les soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte. L'ayatollah Khamenei a prétendu que l'on assistait à une révolution islamique en Égypte. Tandis que Hossein Moussavi, a affirmé que les révoltes qui secouaient la Tunisie et l'Égypte prenaient au contraire leurs sources dans la révolte verte iranienne de juin 2009.
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Sans oublier l'Algérie et les Algériens.
Sans oublier les femmes qui jouent un rôle si important, pour que la révolution débouche sur la séparation de la politique et de la religion.
La scène égyptienne résonne jusqu'au coeur des vieilles démocraties .
Les échos de ces protestations populaires en Europe et dans le monde commencent à s'entendre . En Europe Umberto Eco, lors des manifestations de protestation contre le pouvoir corrompu de Berlusconi et la conduite affligeante du détenteur de la 1° fortune d'Italie qui achète tout, media, députés et hommes politiques, jeunes prostituées promues à une carrière politique, a eu ce mot , en allusion à la jeune prostituée mineure pour laquelle il est intervenu, prétextant qu'elle éttait al nièce de Moubarak : " Jusqu'à présent nous croyions que Moubarak et Berlusconi n'avaient en commun qu'une nièce. Maintenant nous réalisons qu'ils partagent aussi le même refus de démissionner".
Et elle atteint les ennemis de toujours en Israël et Palestine. En Israël aussi. Shimon Peres souhaite, bien tardivement, aux Egyptiens de trouver la voie de la liberté qu'ils désirent. Mieux vaut tard que jamais ou, devant les faits, on s'incline.
Du côté des Palestiniens, le gouvernement de l'Autorité palestinienne démissionne et annonce des élections pour septembre -il n'y a pas eu d'élections depuis 6 ans, suivies par le coup d'Etat du Hamas à Gaza- tandis que les manifestations de solidarité avec les Egyptiens sont interdites en Cisjordanie. Cependant si le Hamas feint de se réjouir de ces événements, il craint que les futures élections annoncées ne lui soient pas favorables et qu'il perde sa suprématie sur Gaza. Il annonce qu'il refuse d'y participer et qu'il les boycottera.
En Israël un éditorialiste de Haaretz, voit de possibles répercussions révolutionnaires et contestations de dictatures au-delà du monde arabe et bien plus loin encore à travers le monde , comme de nombreux observateurs l'ont envisagé également.
Les répercussions en Israël sont aussi à prévoir. Surtout si l'on tient compte de la critique dont une part de la conscience politique est capable dans ce pays qui dénonce le danger des Frères musulmans agité par la droite israélienne au pouvoir, alors que les orthodoxes juifs extrémistes sont leur exact pendant. Dans Haaretz encore.
Israël non plus ne restera pas intact à l'issue des mouvements populaires qui ont commencé à marcher pour une quête de liberté.
L'avenir promet encore bien des événements susceptibles de bouleverser cette sorte de "guerre froide" qui avait installé une chappe de plomb sur tous les peuples du Maghreb et du Machrek.