L'armée a soutenu le transfert de pouvoirs de Moubarak à Suleiman, ce qui a provoqué la colère du peuple. Elle a également annoncé, via son haut commandement, la levée imminente de l'état d'urgence et promis des élections libres, mais sans date.
Le peuple égyptien manifeste plus nombreux jamais pour une passation de pouvoirs à des hommes non compromis dans le système de la dictature installée par Moubarak. Un certain nombre de cadres intermédiaires de l'armée ont rejoint le mouvement de protestation qui réclame la fin de la dictature.
Obama déclare, après le discours de Moubarak que les changements doivent être réels, consistants et immédiats et tracer un chemin "sans équivoque" vers la démocratie, tout en appelant à respecter les droits des Egyptiens et à éviter le violence, de tous côtés. Il signifie clairement que Moubarak doit accepter de démissionner.
Barack Obama, faisant suite au discours de Moubarak a fait un communiqué particulièrement clair dans lequel il affirme que les Egyptiens doivent être entendus, ce qui n'a pas encore été le cas : "le gouvernement égyptien doit tracer un chemin crédible, concret et sans équivoque vers une démocratie réelle, et (ses membres) n'ont pas encore saisi cette occasion", et que les promesses de changement doivent être effectives : "Les Egyptiens ont reçu l'assurance qu'il y aurait une transition du pouvoir, mais il n'est pas encore évident que cette transition soit immédiate, significative ou suffisante" car "Trop d'Egyptiens restent incrédules sur le sérieux du gouvernement quant à une transition réelle vers la démocratie, et le gouvernement a la responsabilité de parler clairement aux Egyptiens et au monde entier".
Il a clairement insisté sur le fait que les Egyptiens doivent être respectés dans leurs droits "la protection des droits fondamentaux de tous les ressortissants, une révision de la Constitution et d'autres lois pour démontrer que le changement est irréversible, et la mise en place conjointe d'une feuille de route claire vers des élections qui seront libres et justes"
Ces événements historiques auront un effet sur le cours du monde à l'avenir. D'une certaine manière la paix au Moyen-Orient dépend de leur issue, l'avenir du régime des mollahs d'Iran aussi. (en Iran une manifestation est envisagée par l'opposition, représentée par Moussavi et Karoubi le 14 février, en solidarité avec les Egyptiens L'opposition est toutefois considérée par le pouvoir des mollahs comme une force séditieuse. Il est douteux que la manifestation soit autorisée).
A noter que durant ces 18 jours de rassemblements immenses et continus en Egypte, enchaînant avec les semaines de soulèvement en Tunisie, aucun slogan anti-israélien n’a été clamé par les manifestants ni en Tunisie ni en Egypte, aucun drapeau israélien ou américain n’a été brûlé. A noter l'omni-présence des drapeaux égyptiens et les slogans politiques, dominant largement la composante religieuse islamiste qui fait apparaître les Frères musulmans comme minoritaires et ne représentant aucunement une alternative. Les Egyptiens ne veulent pas plus de dictature militaire que de dictature religieuse. Ils veulent la liberté. Ils ont assez souffert et ont compris que le bien le plus précieux est la liberté qui ne se peut trouver en se jettant dans les bras des islamistes. L'Iran, d'une part, et al-Quaïda et tous les réseaux terroristes islamistes acteurs d'attentats, ont servi de repoussoir aux peuples de culture musulmane. Les soulèvements qui se déroulent ou s'annoncent comme possibles au Maghreb comme au Machrek reposent sur des motifs sociaux et politiques et non religieux. Les peuples arabes aspirent à prendre en main leur devenir et leur histoire. Là est la révolution en cours. De plus, outre toutes ces raisons, les femmes, comme les jeunes, ne sont pas susceptibles aujourd'hui d'un aveuglement tel qu'ils veuillent s'en remettre à un autre maître pire encore, quand les régimes islamistes ont montré leur vraie nature.
Chacun observe et suit avec une grande attention ce qu'il se passe en Egypte. Jordaniens, Yéménites, Syriens, Algériens... ( l'Algérie se prépare à braver demain l'interdit de manifester) tous les peuples arabes sont concernés* et sont dans l'attente avant de se lancer eux-mêmes éventuellement, car ce n'est pas le désir qui manque, dans des actions décisives. De même pour de nombreux pays du monde musulman auxquels la Tunisie et l'Egypte ont redonné l'espoir d'une émancipation. Les peuples à travers le monde, y compris dans les dites "démocraties" occidentales affaisées admirent ces révolutions et le courage de peuples assoiffés de liberté tandis que nos dirigeants politiques n'ont aucun scrupule à se faire offrir des vacances de luxe en Tunisie, en Egypte, au Maroc (dans les palais royaux du Maroc pour Sarkorzy, qui joue maintenant les père-la-morale vis à vis de ses ministres , ce que la presse française n'ose même pas dire).
Le monde entier a les yeux rivés sur l'Egypte. Pendant ce temps là Sarkozy monte sa petite mise en scène excluant les journalistes professionnels susceptibles de lui porter la contradiction ou de lui poser des questions gênantes, après avoir tenté de discréditer les magistrats et la Justice, les policiers, les enseignants, les syndicats représentant les travailleurs, les media et toutes les institutions et les contre-pouvoirs existant dans le pays, au premier rang desquelles la Justice afin d'étouffer les affaires d'Etat, et de conflits d'intérêts qui concernent les ministres et les affaires financières (suppression du juge d'instruction et toutes les pressions du pouvoir politique sur la Justice et manipulations ).
14h30 : le départ de Moubarak à Charm-el-Cheik avec sa famille est annoncé.
17h : al-Jazeera annonce la démission de Moubarak. Explosion de joie dans tout le pays.
Moubarak a transmis ses pouvoirs à l'armée. Le Conseil supérieur des forces armées annonce prendre le pouvoir.
Un symbole s'effondre, le peuple a vaincu un premier obstacle.
Reste, une fois encore, la question de l'armée et ce que le peuple pourra obtenir d'elle, pour faire aboutir sa volonté.
Alithia
* Les Palestiniens quant à eux sont interdits de manifestations. Seuls les Arabes israéliens sont libres de manifester leur solidarité avec les Egyptiens. voir la dépêche AFP ici