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Observatoire

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  • Professeur de philosophie, j'ai découvert que WP s'adresse à la jeunesse mais que ses résultats sont problématiques pour une supposée encyclopédie. Rédactions erronées, déformations, tendance à la propagande. Une mise en garde.
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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 20:14
Suite aux articles récemment cités le débat reste ouvert sur la question de savoir si les travers et les horreurs dont témoigne le monde musulman sont imputables à l'islam lui-même ou à des causes historiques et politiques dans lesquelles se trouve pris l'islam.
Revenons à l'article sur l'ouvrage de Mustapha Safouan qui soutient que la cause de l'archaïsme de l'islam n'est pas intrinsèque à cette religion mais tient aux pouvoirs politiques, dictatures voire régimes totalitaires qui ont intérêt à maintenir leurs peuples dans ces illusions et cette ignorance, et les gouverner par la peur en interdisant toute liberté de penser par soi-même. 

 

Puis celui sur la réaction exaspérée de gens venus de la gauche qui font marche ensemble avec les  "Indentitaires", groupe d'extrême-droite.  Associés à  de  groupes d'extrême-droite  sur des thèmes d'extrême-droite qui attaquent l'islam : la religion, et l'Islam : une culture,  en s'en prenant aux individus qui appartiennent à cette religion et à cette culture pour les moeurs qui sont les leurs et qui sont agressés, montrés du doigt, stigmatisés à partir de leurs coutumes. Voilà  qui est typique de l'erreur que commettent tous les raisonnements racistes : s'en prendre aux personnes et non aux idées. Voilà ce qui témoigne du caractère raciste de l'entreprise .

 

Selon ces gens l'islam en lui-même serait porteur de toutes les dérives et dangers qui menacent la République, disent-ils, : non pas l'islam en tant qu'il sert  d'appui à des politiques d'asservissement des peuples, des femmes, et le maintien de régimes médiévaux, comme en Arabie Saoudite, ou fanatiques comme en Iran où la religion est utilisée, exploitée, pour assoir et maintenir une dictature, un régime fasciste.  Ce n'est pas à l'utilisation de l'islam par les pires pouvoirs politiques qu'ils en ont, mais aux individus qui, ici, ne partagent pas la religion dominante sans distinguer parmi eux les fondamentalistes de ceux qui sont attachés  à des valeurs politiques modernes.  Généralisation abusive.

 


voir article correspondant :  les communautaires, faux laïcs et vrais racistes


En regard, l'article ci-dessous a le mérite de poser le débat en idées : l'islam est-il lui-même condamnable, pour les persécutions et la barbarie qui se pratiquent en son nom ?  Ou faut-il chercher ailleurs les causes plus profondes et plus décisives ? L'article émane d'un intellectuel musulman,  -c'est ainsi qu'il se présente- professeur de philosophie qui, à l'occasion de la condamnation à mort par lapidation de Sakineh  ayant provoqué une protestation mondiale , entend dénoncer ce qu'il conçoit comme la tendance totalitaire de l'islam, une religion archaïque et violente en elle-même.

 

A quoi j'opposerais pour ma part que cet archaïsme qui va jusqu'à l'osbcurantisme, cette violence qui va jusqu'à des pratiques barbares et  la mise en place de régimes totalitaires, ne sont pas tant imputables à l'islam par essence qu'au fait que celui-ci n'a pas fait sa révolution pour intégrer les valeurs de la modernité politique, droits de l'homme et liberté d'expression de pensée et de croyance, droits des individus de tous ordres, que garantissent la laïcité, le principe d'égalité entre hommes et femmes, les droits de l'homme , et  un Etat de droit.

 

 

L'auteur de l'article ci-dessous reproche à l'islam de rendre obligatoires par des pressions de toutes sortes les pratiques religieuses et le respect du culte, niant ainsi la liberté des individus et leur droit  à l'autonomie et à la liberté de conscience. Ce fait est avéré d'une religion qui rend contraignante la pratique de rites et cultes.  Serait-ce inhérent à l'islam ? L'histoire du christianisme et de l'Inquisition montre bien entendu que non.

 

 

Car le christianisme a connu sa (longue) période d'obscurantisme, de violence faite aux individus dépourvus de toute liberté de croyance et de pensée, et d'imposition de force de pratiques cultuelles avec des méthodes de terreur, à l'image d'une société et de son état politique où les droits des individus (droits de l'homme) et la liberté de pensée n'existait pas.


Comment en est-il sorti ? Pas de son fait, mais sous la contrainte des événements,  soit le tournant pris par la politique moderne dans l'histoire, effet différé de la rupture que représentent les temps Modernes : la révolution scientifique, révolution copernicienne et galiléenne, l'émancipation de la science et de la pensée soutenues par la philosophie de Hobbes, Giordano Bruno à Descartes et Spinoza pour qu'elles parviennent à s'émanciper de la religion ; les principes de la liberté de pensée et d'opinion fondés par Spinoza suivi par l'élaboration de la pensée politique qui, via Rousseau, accouchera de la Révolution française, suivie de bien d'autres. Il a fallu un grand changement politique faisant rupture avec les sociétés d'Ancien régime où l'Eglise était associée à l'Etat pour gouverner l'ensemble du peuple, pour que le christianisme, précisément le catholicisme romain, cède sur ses prétentions et , contraint et forcé par le nouveau régime politique, laïc et républicain, renonce à être un pouvoir politique et se cantonne à son domaine, la religion, soit la direction morale des consciences et  que l'Eglise se plie à la loi commune, renonce à son monopole sur l'instruction et l'éducation, et renonce à faire les lois mais s'y soumette comme tout citoyen. Une révolution.

 

Cette révolution de la modernité, révolution dans la pensée et révolution politique  qui s'en est suivi, qui a entraîné un bouleversement et un changement profond dans toutes les sphères de la société, cela les sociétés islamiques ne l'ont jamais connu, qui aurait forcé l'islam à se réformer.

 

Là est la cause, historique et politique, des archaïsmes de l'islam. L'histoire n'est pas la même. Elle n'a pas connu ces révolutions dans la pensée et dans la société, qui sont les causes ayant engendré et rendu possible la laïcité et la liberté de pensée et de croire des individus. 

Peut-être l'intrication du politique et du religeiux est-elle plus forte dans la tradition de l'islam que dans d'autres cas, d'autres religions ? De cela on peut discuter. Mais essentialiser l'islam, l'appréhender hors de l'histoire, pour en faire la cause, an-historique et a-politique, dans laquelle se trouvent les pays musulmans, leur religion et leurs membres

 

L'auteur de l'article ci-dessous, écrit à l'occasion de cette condamnation à mort promise à Sakineh, reproche à l'islam d'être en lui-même une contrainte interdisant toute liberté individuelle de se déterminer par soi-même, pour ses croyances, comme pour ses conduites (pratiques religieuses  obligatoires). Il faut revenir à l'histoire. A l'histoire comparative du christianisme et de l'islam, qui appartiennent à des sociétés différentes qui ont connu des histoires tout à fait différentes. Les archaïsmes de l'islam sont des archaïsmes politiques, et relèvent d'archaïsmes cumulés. Mais ce n'est pas en attaquant l'islam hors de l'histoire politique dans laquelle il est pris que l'on pourra ni comprendre les enjeux  ni les voies par lesquelles des changements seront possibles. 


La lapidation, "preuve extrême de la logique de violence de l'islam"

 

 

Abdennour Bidar, professeur de philosophie en classes préparatoires à Sophia-Antipolis

 

La monstrueuse condamnation d'une femme à la lapidation par la République islamique d'Iran donne encore une fois de l'islam une image catastrophique, celle d'une religion archaïque, violente et totalitaire. N'essayons pas en effet de dédouaner la religion islamique du meurtre programmé de Sakineh Mohammadi-Ashtiani en soutenant qu'il s'agit d'une décision politique. Le pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad se fonde sur une idéologie reconnue comme celle d'un islam fondamentaliste.


En tant qu'intellectuel musulman, je dois prendre la responsabilité de dire cela haut et fort, en m'insurgeant contre cette sentence de lapidation au nom de la dignité de la personne humaine. Mais je ne saurais m'en tenir à cette indignation. Si en effet la pulsion totalitaire de la religion islamique trouve là l'une de ses expressions les plus inhumaines, il faut y voir simplement l'une des formes les plus radicales d'une logique générale qui a pris, au fil des siècles, le contrôle de la vie spirituelle des musulmans du monde. Hélas !, la religion islamique entière se nourrit de violence.


Prenons l'exemple le plus actuel, celui du mois de ramadan qui s'est ouvert le 11 août. Evidemment, nous paraissons ici au plus loin de l'affaire de la lapidation, et aujourd'hui en France l'on n'entend guère de critiques sur cette pratique du jeûne. Au contraire, s'est installée sur la question une sorte de consensus angélique. Nous aurions là un événement "entré dans la vie et ancré dans le calendrier de la nation" et nos médias semblent incapables de faire autre chose que de célébrer la convivialité, la solidarité, le caractère festif de cette période.


Soit, mais qui soulignera en contrepartie le caractère violent de ce jeûne total exigé de la part de tout pratiquant pubère du matin au soir pendant un mois entier ? De nombreux musulmans éludent la question en prétendant que, pour l'individu qui a la foi et qui est entouré d'autres musulmans solidaires dans leur jeûne, celui-ci est facile.


Comment peut-on avoir l'inconscience de prétendre cela ? Jeûner toute la journée, sans avoir même le droit de boire un peu d'eau, et ce pendant un douzième de l'année, constitue un exercice de privation radical et relève d'un ascétisme religieux de haut niveau que rien ne justifie d'ordonner à l'ensemble d'une communauté. La tradition n'exempte de cet effort supérieur que les malades, les femmes enceintes ou en période de menstruation et les voyageurs.


Mais force reste à la loi totalitaire qui ne reconnaît aucun droit au choix personnel : seul est reconnu comme vrai musulman celui qui jeûne. L'orthodoxie d'institution - les dignitaires - et l'orthodoxie de masse - le corps communautaire - exercent là sur les comportements une double surveillance et censure.


Il n'y a peut-être pas de commune mesure entre la pratique ignoble de la lapidation des femmes et celle du ramadan. Mais il y a entre elles ce rapport que le discernement doit savoir établir entre une radicalité générale et l'un de ses excès les plus extrêmes. Ici et là, ce qui se manifeste est une violence infligée à la personne humaine au nom de la religion. L'islam n'a pas commencé de dénouer le rapport qui unit la violence et le sacré.


Chacune de ses pratiques en porte la marque infamante, à des degrés certes très divers mais toujours repérables. Les cinq prières quotidiennes exigées à heure fixe ? Une violence morale faite au jugement personnel d'un être humain qui pourrait prétendre choisir les moments qu'il veut consacrer à sa vie spirituelle. Le pèlerinage à La Mecque ? Une violence symbolique et politique par laquelle l'islam mondial est maintenu inféodé à la tutelle du wahhabisme saoudien.


Il ne s'agit pas de condamner ces pratiques rituelles - jeûne, prière, pèlerinage - en tant que telles. Elles peuvent offrir un support efficace au besoin éprouvé par tel individu de mener une vie spirituelle (étant bien entendu que celle-ci peut aussi se conduire hors de tout champ religieux).


Mais qu'est-ce que les musulmans attendent pour les déclarer libres ? Contrairement à l'objection courante, cela n'atomiserait pas la communauté, mais la ferait passer de l'état clos de l'uniformité à l'état ouvert de la diversité. Et contrairement à une autre objection, cela ne détruirait pas l'autorité de Dieu, mais obligerait chaque conscience à aller chercher cette voix divine dans sa propre intériorité. Enfin, cela permettrait à l'islam de sortir de sa logique générale de radicalité et de violence dont la sentence de lapidation contre laquelle nous nous insurgeons aujourd'hui n'est qu'un extrême.


Si cette culture religieuse de l'islam ne change pas, elle continuera de se déconsidérer aux yeux du monde. Car de tels excès monstrueux ne peuvent évidemment pas surgir n'importe où et il serait trop facile de les considérer comme des phénomènes n'ayant - selon la formule consacrée par les bien-pensants - "rien à voir avec l'islam". Ils ne sont que la grimace la plus affreuse d'une religion qui passe son temps à se caricaturer elle-même. "Qui bene amat bene castigat", qui aime bien châtie bien.

 

Abdennour Bidar, professeur de philosophie en classes préparatoires à Sophia-Antipolis
article paru dans le Monde  et sur le site sami.aldeeb   : www.sami-aldeeb.com: Centre de droit arabe et musulman
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