Après la Jordanie où les soutiens habituels du roi, les Bédouins, l'ont lâché, le Yémen, le Barhein voient actuellement se dérouler d'importantes manifestations, durement réprimées, après des tentatives esquissées en Syrie, après des mouvements qui s'organisent au Maroc, en Algérie, et ceux qu'ont connu Oman et la Mauritanie, c'est en Iran, où la très grande majorité du peuple est clairement opposée au régime des ayatollahs, que l'on voit la population reprendre courageusement le chemin de la rue, au risque de sa vie, pour tenter de renverser le régime. Et maintenant à son tour la Lybie entre dans la ronde de la contestation.
En Iran les leaders de l'opposition Moussavi et Karoubi, assignés à résidence depuis une semaine, sont menacés d'être condamnés à mort par des responsables du régime. Tous les moyens de l'intimidation, de la menace et de la répression sont mobilisés.
Vu d' Israël Shimon Péres estime qu'en Iran le peuple fera tomber le régime actuel.
Et la Lybie même, voit son peuple se soulever contre le plus vieux dictateur du monde arabe, depuis 42 ans au pouvoir à la suite d'un coup d'Etat, et qui a instauré un régime totalitaire qui n'hésite pas à emprisonner et massacrer au moindre signe d'insoumission. Les Touaregs se révoltent avec la jeunesse et la population des villes. Pour la première fois le pouvoir de Khadafi est contesté. Le régime réprime avec violence les manifestations actuelles, comme le rapporte Libération
Les islamisants et intellectuels arabes considèrent que les mêmes ingrédients présents dans les situations tunisienne et égyptienne se retrouvent au Yémen, à Bahreïn, en Libye, en Syrie et en Jordanie, tel le professeur saoudien de sciences politiques Khaled al-Dhakil, même si chaque pays connaît ses conditions spécifiques (genre des gouvernants, rôle et état de l'armée, contradictions chiites-sunnites pour le Barhein, composantes tribales pour le Yémen, passé politique...). Mais les mêmes conditions se retrouvent dans ces pays soit l'absence de libertés, des régimes oppressifs de longue durée et complètement sclérosés, la corruption de dictatures entraînées dans une spirale de répression arbitraire et sans fin alors que dans le même temps ces pays connaissent un rajeunissement important , raison pour laquelle la grande majorité de sa population veut partager la modernité et ne souffre plus d'être enfermée dans un carcan étouffant les libertés élémentaires.
Pour les contestataires aujourd'hui l'islamisme n'apparaît pas comme une potentielle issue.
Les intellectuels comme les meilleurs observateurs tel Olivier Roy, soulignent que cette génération ne défend pas l'islam ni n'en attend une solution, qu'elle ne brûle pas de drapeaux américains ou israéliens, ni ne développe de slogans anti-américains, mais s'en prend exclusivement à ses dirigeants figés dans leur immobilisme et leur déni de tout droit au peuple.
L'Algérie ne fait pas exception mais ses dirigeants essayent d'éviter le soulèvement : le gouvernement algérien, inquiet comme le sont les autres responsables des dictatures dans le monde arabe, annonce la fin proche de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992 ce qui permettrait en ce cas la liberté d'expression, y compris de défiler pacifiquement dans la rue, ainsi qu'est annoncé un remaniement ministériel.
Les responsables politiques actuels renvoient l'opposition à son caractère actuellement "minoritaire" ; voir la presse algérienne
Pour les mêmes raisons, le roi du Maroc injecte de l'argent dans le circuit des biens de première nécessité, afin de maintenir les prix des denrées alimentaires. cf le journal canadien le Devoir
Comme en Palestine (Cisjordanie) : les gouvernants sont inquiets ils annoncent des réformes politiques et de futures élections, auxquelles le Hamas (à Gaza) déclare vouloir se soustraire par crainte de les perdre.
L'Arabie saoudite est plus tranquille, même si ses dirigeants la voient comme un colosse aux pieds d'argile.
Seuls les Emirats arabes unis et le Quatar sont indemmes et demeurent hors de la tempête.