Dans le Nouvel Observateur de la semaine du 16 juillet, une interview d'un médecin de Téhéran qui témoigne du grand nombre de morts dès le 15 juin, que le régime et les bassidjis ont dissimulés.
Une fois encore, cela souligne l'importance de l'événement que constitue la mort de Neda Agha-Soltan, sous les balles d'un bassidj -milice au service du pouvoir actuel- événement que nombre d'administrateurs wikipédiens voulaient taire aussi, prolongeant la logique de dissimulation du régime de Téhéran, en essayant de faire supprimer l'article qui était consacré à la mort de cette jeune fille, assassinée pour avoir été présente dans la rue au moment où les Iraniens par centaines de milliers n'avaient que ce moyen pour exprimer leur désapprobation de la tricherie électorale.
Voici l'interview d'un médecin iranien qui travaille à l'hopital de Téhéran et raconte ce qu'il a vu lors ces journées qui ont suivi les élections.
Cadavres maquillés, faux certificats... Les miliciens ont usé de tous les moyens pour minimiser le nombre des victimes
Je suis un médecin iranien. Une partie des blessés et des morts qui ont réf suite de la vague de protestation ont été amenés dans l'hôpital public de Téhéran où je travaille. Les autorités affirment que le chiffre officiel des morts est de 20, mais, selon les chiffres que j'ai pu collecter, le seul hôpital Khomeini a reçu, dès le «lundi noir» (15 juin), 38 corps. Tandis qu'à l'hôpital Akram-Rasoul, situé près de l'université de Téhéran, on a dénombré 26 blessés par balle et 10 morts. Les observations médicales indiquent que dans certains cas les balles sont entrées par l'hypogastre et ressorties par la cuisse, ce qui signifie qu'elles ont été tirées d'en haut, vraisemblablement par un sniper juché sur un toit.
Sit-in de protestation
Deux femmes enceintes figurent parmi les victimes : l'une, qui a eu la rate explosée, a pu s'en sortir. L'autre a été tuée par balle. Les autorités ont prétendu que sa photo avait circulé sur internet et qu'elle avait été tuée dans un autre pays, mais c'est bien à Téhéran qu'elle est morte. Un de mes collègues m'a parlé de 6 cadavres retrouvés à Shahriar, à la périphérie de la capitale. Leur crâne avait été ouvert, peut-être pour récupérer la balle afin d'effacer la trace du crime.
Les chefs de service des hôpitaux ont reçu l'ordre de dire que les personnes déjà mortes dont les corps ont été transportés dans leurs unités de soins «sont décédées de suites opératoires». Mais de nombreux médecins ont protesté. Certains ont refusé de mentir, d'autres n'ont pas voulu voir leur dossier entaché par des erreurs médicales de cette ampleur : dix personnes opérées, dix morts ! Il était un peu naïf de la part des bassidjis, les miliciens, de croire que des médecins allaient accepter d'assumer ces mensonges. Dans plusieurs hôpitaux - dont Akram-Rasoul et ImamKhomeini -, les médecins ont organisé des sitin de protestation. Mais à la télévision d'Etat on a raconté que nous faisions grève pour obtenir des augmentations de salaire.
Au début de la révolte, les miliciens, qui avaient l'air dépassés par les événements, ont même empêché certains hôpitaux d'accueillir les blessés. Ils ont tabassé les portiers des hôpitaux qui n'obéissaient pas à leurs ordres. C'était honteux et absurde, car il y avait aussi des partisans d'Ahmadinejad parmi les victimes. Mon cousin a vu un bassidj se faire tuer sous ses yeux au cours d'une manifestation. Puis ils se sont organisés en remplaçant les employés du service des admissions par des hommes à eux, afin de relever l'identité des blessés. C'est pourquoi, quand nous le pouvions, nous prenions le moins de renseignements possible sur ces derniers en leur attribuant simplement un numéro.
Je ne m'attendais pas à une révolte d'une telle ampleur. Personnellement, je pensais qu'Ahmadinejad allait gagner l'élection. [...]
Et sur Agoravox rappel de la représsion en Iran et de la mort de Neda, symbole des martyrs de cette grande révolte.
Neda Agha-Soltan figure parmi les victimes de ce régime totalitaire iranien qui aujourd'hui n'a plus légitimité d'être, le peuple oppressé par des années de dictature, l'Iran est un pays qui mérite un meilleur rang que celui qu'il a aujourd'hui.
Combien sont-elles encore emprisonnées et torturées dans les prisons iraniennes comme les 18 décès de prisonnières de Kahrizak à Karadj, dénoncé par Maryam Radjavi dans ce rapport datant du 15 décembre 2008 18 femmes ont été torturées et violées dans l'indifférence totale.
Il y a une semaine ce sont des étudiants qui ont été torturés dans les sous sols du ministère de l'intérieur.
Le 1er mai dernier, c'est Delara Darabi, mineure qui a été exécutée à la prison centrale de Rasht , pour un crime qu'elle n'aurait pas commis.
Le blogueur iranien Omid Reza Mir Sayafi est décédé à la prison d'Evin, à Téhéran, le 18 mars dernier.
Amnesty International l'an dernier a rendu un hommage aux victimes du "Massacre des prisons", en 1988, entre 4500 et 5000 hommes et femmes ont été tués
Je recommande la lecture de ces blogs pour vous donner une vue d'ensemble de la pression que vivent ces femmes iraniennes et leur combat de tous les jours que je soutiens de tout coeur, en espérant qu'elles arriveront à faire porter leur voix, envers et contre tout.
Situation des femmes en Iran
Maryam Rajavi
Comité de soutien aux droits de l'Homme en Iran
Madyariran
source Agoravox
Et pendant ce temps là à wikipedia on ergote pour savoir s'il vaut mieux adopter la conception universaliste des droits de l'homme ou celle de la Charia et du Coran dans sa version la plus rigide, archaïque et répressive, telle que la défend Khamenei qui prétend diriger le pays au nom de Dieu, version que reprend et détaille très longuement wikipedia !
Exemple de neutralité tout à fait remarquable.
Alithia
P.S. ajout le 27 juillet : un correspondant du blog m'avertit que le prof de philo qui enseigne à la Sorbonne et qui s'était attaché à rectifier-rédiger l'article wikipedia consacré à Neda Agha-Soltan en résistant à marée de bêtise et d'ignominies des administrateurs qui voulaient la suppression pure et simple de l'article en question, ce prof, écoeuré par la persistance des tentatives de destruction de l'article, -qui se trouve être pourtant de qualité nettement supérieure à ce que l'on trouve ordinairement sur wikipedia-, ce prof de philo donc, écrivant sous le pseudonyme d'OcéanXXI, vient de démissionner et quitte cette antre de la bêtise, du révisionnisme et du parti-pris qu'est wikipedia, qui par exemple, ose mettre sur le même plan les principes des droits de l'homme et les discours de Khamenei qui n'accepte que le Coran en matière de droit.
Une fois encore il est démontré que compétence et honnêteté sont de gros handicaps pour contribuer à wikipedia dont les rédacteurs et administrateurs incompétents et de parti-pris, à un point qui va jusqu'à la caricature, font fuir tout intellectuel digne de ce nom et toute personne ayant de véritables connaissances et capacités de rédaction telles que l'exige une encyclopédie.
Comment et pourquoi Wikipedia fait fuir les intellectuels, voir : wikipedia ennemie des intellectuels
voir aussi : ce que révèlent les statistiques de wikipedia