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Observatoire

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  • Professeur de philosophie, j'ai découvert que WP s'adresse à la jeunesse mais que ses résultats sont problématiques pour une supposée encyclopédie. Rédactions erronées, déformations, tendance à la propagande. Une mise en garde.
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26 octobre 2007 5 26 /10 /octobre /2007 14:45
Un extrait  d'une interview d'Elisabeth Roudinesco dans Libération , à l'occasion de la sortie de son livre "une histoire du peuple des pervers"




gaudeloupe-jj-werter.jpgphoto JJ Werter l'Internaute

Où elle définit la perversion et la place que celle-ci peut occuper en politique. Où elle dénonce  l'utilisation de la science de manière perverse et à des fins perverses également, qui relève du scientisme dont elle rappelle les effets dévastateurs lorsqu'ils sont traduits en politique.


[extraits]

à propos de Ben Laden :

Ben Laden est pour moi la figure absolue du pervers. Il incarne l’Etat-voyou, la haine des femmes, la haine des homosexuels, et surtout il pervertit la science. Le sacrifice des kamikazes japonais n’était pas une perversion, c’était une tradition militaire – celle de la féodalité nipponne où était incluse la mort volontaire contre des seules cibles militaires. La mort volontaire s’est toujours accompagnée d’un héritage. Chez les islamo-fascistes il y a l’idée que la vie n’a aucune valeur, et que le sacrifice n’a rien à transmettre. C’est la jouissance de la pure destruction. Ben Laden ne dit pas : «Nos vaillants guerriers ont donné leur vie», il dit : «Il a suffi de quinze personnes pour déstabiliser…» l’Occident.

 

en Occident :

 

Vous pensez que nous sommes, en ce moment, en pleine régression ?

 

Depuis le XVIIIe siècle, on a pensé que l’homme était récupérable, et la justice a évolué vers l’idée d’une réhabilitation. Mais depuis vingt ans, on considère de nouveau que certains humains sont irrécupérables, qu’ils ont une part maudite absolue. On a aboli la peine de mort, ce qui est un moment très progressiste, mais on essaie de la réintroduire autrement. Par l’enfermement à vie, on rétablit les châtiments corporels qui avaient été abolis par la Révolution française : on prétend régler les problèmes du psychisme par des interventions sur le corps. Les progrès de la chirurgie et de l’endocrinologie donnent la croyance absolue qu’il suffira de prescrire au pédophile des médicaments qui stoppent son érection. Mais cette camisole chimique n’arrête pas le désir, souvent elle rend encore plus dangereux. Notre époque a quelque chose de pervers dans la certitude selon laquelle il y aurait une seule solution chimico-biologique à tous nos problèmes. C’est le retour du scientisme, censé éradiquer la part obscure de nous-mêmes. C’est la dernière théorie de l’homme nouveau, celui du capitalisme dérégulé, qui fétichise la marchandise et le bio-pouvoir.

 

Vous démontrez que ce bio-pouvoir, né en Allemagne en 1880 comme une très belle théorie, a conduit quarante ans plus tard au nazisme.

 

S’appuyer sur les sciences humaines et la sociologie pour donner un homme nouveau était en effet une idée généreuse. Mais on valorisait alors l’environnement, et non le biologique. Avec l’humiliation du peuple allemand en 1918, s’installe un populisme monstrueux. Les nazis vont penser alors que la solution est biologique. La caractéristique du nazisme est son utilisation perverse de la science et son projet génocidaire dès le commencement. C’est ce qui le distingue du communisme, pour lequel la terreur de masse est l’effet pervers d’une idéologie qui ne l’est pas au départ.

 

Vous levez le malentendu sur la notion de «banalité du mal», inventée par Hannah Arendt.

 

Son raisonnement est très sophistiqué puisqu’il s’agit encore de la jouissance du mal mais comme elle n’emploie pas le vocabulaire psychanalytique, la «banalité du mal» a fini par signifier que n’importe qui pouvait devenir nazi. Cette thèse comportementaliste, défendue par Konrad Lorenz, ne tient pas. N’importe qui peut devenir un bureaucrate pas au courant ou faisant semblant de ne pas l’être, mais n’importe qui ne devient pas génocidaire. Tous ces chefs nazis ont un point commun : ils agissent consciemment au nom de la science. Et au nom d’une inversion radicale et totale de la loi. Les bourreaux nazis n’étaient pas non plus des fous délirants : ils raisonnaient. Jusque dans leur déni, ils sont dans la perversion : un fou hallucine la réalité, un pervers dénie les faits. Quand Rudolf Höss, chef du camp d’Auschwitz, écrit dans ses mémoires qu’il entre dans la chambre à gaz pour vérifier l’état des victimes et qu’il ose dire qu’elles n’ont pas souffert, il ne ment pas, il refuse d’admettre la réalité.

 

L’Allemagne, qui commet la solution finale, est censée être un modèle de civilisation. Elle bascule pourtant dans la barbarie…

 

Principalement parce qu’elle a une foi absolue dans la science qui peut mener tout droit à l’hygiénisme délirant. Notre époque a réhabilité une certitude scientiste d’un autre genre: voyez la manie actuelle des évaluations collectives, comme cette idée saugrenue de dépister des signes de délinquance chez les bébés. En Angleterre, on le fait déjà sur les fœtus. Totalement inutiles, ces enquêtes pseudo-scientifiques sont une intrusion intolérable dans l’intime et dans le psychisme. Il faut désigner le bio-pouvoir comme le nouveau fléau… des sociétés démocratiques.

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