Pour paraphraser un poème de Nazim Ikmet : une moitié de mon coeur est au Japon et l'autre se trouve en Lybie
(petite note sur la Libye en fin de page)
La coïncidence dans le temps de deux événements majeurs, est impressionnante. Inquiétude sur tous les fronts. Internet plus que jamais montre son intérêt et nous rapproche : de plus en plus apparaît un seule humanité, solidaire dans sa condition, pour son avenir, dans ses luttes aussi, car tous dépendent de tous désormais, les liens sont de plus en plus étroits, l'interdépendance devient manifeste, visible, traduite en images même.
Au Japon
Irresponsabilité et graves manquements à la sécurité sur le nucléaire, malgré les mises en garde des spécialistes.
Ces manquements à la sécurité par la société Tepco dont il était question dans le précédent article, sont maintenant de notoriété publique et indiscutables, l'information ayant été répercutée de nombreuses fois.
Aujourd'hui Anne Lauvergeon, présidente du groupe nucléaire français Areva a changé de ton. Elle qui a assuré, aussitôt la catastrophe que nous étions les meilleurs : "Ici, il y a des normes, des règles, et nous fabriquons les centrales les plus sûres du monde, surtout l’EPR, prévu pour résister à tout." , et qui assurait il y trois jours à peine, soit après les explosions qui s'étaient déjà produites dans plusieurs réacteurs, "on va éviter la catastrophe" et que "sur les réacteurs 1 et 3 Tepco a su trouver les moyens de mettre en place des systèmes de refroidissement" tient aujourd'hui un tout autre discours, et admet l'immensité du risque : «Nous sommes dans l’urgence absolue».
Du fait de l'assèchement de la piscine du réacteur n° 4 la situation devient en effet extrêmement dangereuse et le taux de radioactivité croît au point d'empecher quasiment toutes les opérations sur le site.
Preuve de la gravité de la situation, même la Chine admet de devoir faire une vérification et une inspection générale de ses centrales.
Et questionné de toutes parts, le nucléaire va peut-être pour la première fois entrer dans l'espace du débat politique et démocratique
Le manque de sécurisation du nucléaire japonais, est établi. Outre l'expert japonais déjà cité et démissionnaire de la commission japonaise pour la sécurité du nucléaire, l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique, AIEA, avait elle aussi prévenu des insuffisances et de la nécessité de réviser les normes pour lenucléaire au Japon. Selon Wikileaks l'Agence internationale de l'énergie atomique avait dénoncé en 2009 l'obsolescence des critères de sécurité nippons, comme le publie Libération
Elle avait averti le Japon il y a deux ans qu’un séisme important pouvait poser «un problème sérieux» à ses centrales nucléaires.
Un câble diplomatique américain que Wikileaks a pu se procurer et que le Telegraph a pu consulter, révèle qu’un expert de l’AEIA s’était inquiété de l'insuffisance des prévisions japonaises face aux possibles séismes, les réacteurs n'étant aps protégés en cas de séismes de forte amplitude.
" Selon ce document, le responsable de l’AIEA avait indiqué lors d’une réunion du Groupe sur la sûreté et la sécurité nucléaires du G8 à Tokyo, en 2008, que les critères de sécurité du Japon étaient obsolètes.
«Il a expliqué que les normes concernant la sécurité nucléaire n’avaient été révisées que trois fois en 35 ans et que l’AIEA les réexamine maintenant».
«Le responsable a également noté que des séismes récents avaient dans certains cas été au-delà des limites prévues pour certaines centrales nucléaires et qu’il s’agit d’un problème sérieux qui est maintenant en train de conditionner les travaux de sécurité sismique»
Les critères retenus pour la centrale de Fukushima 1 reposaient sur l'hypothèse d'un séisme maximal d'intensité 7. Celui subi il y a une semaine fut de magnitude 9.
A cela on peut ajouter les craintes des dangers concernant le MOX. selon le site OWNI.
* * *
Libye : à l'ONU une décision d'intervention est imminente. La Libye revient sur le devant de la scène, après de longues tractations diplomatiques.
Recouverte par les terribles événements au Japon, la Libye existe encore. L'ONU prévoit aujourd'hui de voter [à 23h, heure de Paris] une résolution instaurant une zone d'exclusion aérienne et autres opérations militaires, avec participation de pays arabes, effectives dans les heures qui suivent le vote, tandis que Khadafi a promis de fondre demain sur Benghazi.
La France et les Etats-Unis se sont dits confiants sur la possibilité que le vote soit accordé. Deux pays arabes ont dores et déjà donné leur accord pour participation aux opérations militaires.
Khadafi reprend ses menaces terroristes. Il menace, en cas de vote de la résolution, de s'en prendre au trafic aérien et naval civil en Méditerranée.
* * *
Le point sur la situation au Japon , source Le Monde
Le point sur les réacteurs de la centrale Fukushima Dai-ichi :
Réacteur 1 : Pour abaisser la pression dans le bâtiment du réacteur, l'opérateur Tokyo Power Electric (Tepco) a procédé samedi à des rejets volontaires de vapeurs. Cette opération a provoqué une accumulation d'hydrogène qui a engendré une explosion. Le toit du bâtiment s'est effondré, mais l'enceinte de confinement de ce réacteur serait intacte. 70 % du cœur du réacteur serait endommagé.
Réacteur 2 : Explosion d'hydrogène mardi à l'aube dans la partie inférieure du bâtiment du réacteur. Une piscine de rétention située à l'intérieur de l'enceinte de confinement est endommagée. L'étendue des dégâts, notamment sur l'étanchéité de l'enceinte de confinement, reste incertaine. 33 % du cœur du réacteur serait endommagé.
Réacteur 3 : Pour abaisser la pression dans le bâtiment du réacteur, Tepco a procédé à des rejets volontaires de vapeurs. Comme pour le réacteur 1, cette opération a provoqué une accumulation d'hydrogène qui a engendré lundi une explosion. Le toit et certaines parois du bâtiment extérieur sont soufflées. L'enceinte de confinement a peut-être été endommagée. Le coeur du réacteur est partiellement endommagé. La piscine serait en ébullition. L'armée a été appelée en renfort jeudi pour larguer de l'eau par hélicoptère et par canon à eau mais le camion citerne n'a pas pu être utilisé à cause du niveau élevé des radiations.
Réacteur 4 : Explosion mardi dans ce réacteur à l'arrêt pour maintenance au moment du séisme. Un incendie s'est déclaré au niveau de la piscine d'entreposage du combustible usé. Il a été éteint par l'armée américaine. Une partie du combustible n'est plus recouverte et les autorités essayent de le remettre sous l'eau pour empêcher des rejets radioactifs dans l'atmosphère. Un deuxième incendie s'est déclaré mercredi à l'aube avant de s'éteindre de lui-même. Un hélicoptère devait remettre de l'eau mercredi dans la piscine passée en ébullition mais l'opération a été suspendue à cause d'un niveau de radiation trop élevé.
Réacteurs 5 et 6 : Une légère hausse de température a été mesurée dans ces deux réacteurs éloignés des réacteurs 1 à 4, et qui étaient à l'arrêt pour maintenance au moment du séisme.
Pas de problèmes majeurs concernant les réacteurs des autres centrales touchées par le séisme.