Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Observatoire

  • : wikipedia ou le mythe de la neutralité
  • : observatoire de wikipedia qui se prétend une encyclopédie, sans spécialistes ni vérification d'experts, chacun peut écrire ce qu'il veut sous anonymat : une pseudo-encyclopédie où prospèrent la propagande et l'irrationnel. Blog de réflexion sur la culture
  • Contact

Qui Suis-Je ?

  • alithia
  • Professeur de philosophie, j'ai découvert que WP s'adresse à la jeunesse mais que ses résultats sont problématiques pour une supposée encyclopédie. Rédactions erronées, déformations, tendance à la propagande. Une mise en garde.
  • Professeur de philosophie, j'ai découvert que WP s'adresse à la jeunesse mais que ses résultats sont problématiques pour une supposée encyclopédie. Rédactions erronées, déformations, tendance à la propagande. Une mise en garde.

Moteur De Recherche

Archives

13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 17:12

argumentaire dont vous ne verrez pas trace sur wikipedia : trop intelligent sans doute .

Les faits, d'abord, l'émotion et le questionnement ensuite, l'explication et le commentaire enfin. Un mariage célébré le 8 juillet 2006. Deux jeunes Français dont on précise - pourquoi ? - qu'ils sont musulmans. Le couple s'éclipse lors des festivités. Le mari - 23 ans ! - revient, "blême", précisent les feuilletonistes de nos quotidiens. La femme n'est pas vierge. Elle lui a menti. Le scandale mis en scène culmine. L'orgueil (blessé) du mâle aussi.

 

Il demande réparation à la justice sur la base de l'article 180 du code civil. Cette disposition - assez rarement évoquée - permet de prononcer la nullité d'un mariage "s'il y a eu erreur... sur des qualités essentielles de la personne..." A signaler que ces procédures sont particulièrement rares. Une des "qualités essentielles" requises par l'époux - la virginité - faisant défaut, le tribunal de grande instance de Lille annule le mariage. D'autant que l'épouse aurait acquiescé à la demande. Personne, d'ailleurs, ne se soucie d'en savoir davantage : pression familiale ? sociale ? culpabilisation excessive et intériorisée ? Envie d'en finir et d'effacer de ses souvenirs cet épisode navrant de sa jeune vie ?


Il n'importe. Car - première observation - toutes les questions d'état des personnes - donc le mariage - relèvent de l'ordre public. Ce qui signifie que l'adhésion de l'épouse devrait être sans conséquence sur le jugement.


En revanche, l'avis du procureur, requis pour cette raison, est essentiel. Dommage qu'il accorde en général si peu d'importance à son intervention, souvent déterminante, en matière civile ! Et se contente d'un rituel et paresseux - "Je m'en rapporte..." La loi - donc d'ordre public - ne dresse pas dans son article 180 la liste des "qualités" qui peuvent être considérées comme "essentielles" par les époux. Donc, c'est au coup par coup. On appelle cela la jurisprudence. Qui, en tenant compte pour une part de la subjectivité des époux, décerne le label d'essentialité. Pour une part seulement et jusqu'à certaines limites. Telle femme se souciera d'une entorse à la virginité... d'un casier judiciaire, tel homme n'acceptera en aucun cas une prostitution, même épisodique et désespérée.


Mais la liberté des juges dans cette appréciation connaît un point limite. Celui vers lequel convergent les principes de notre droit. Un droit français républicain, laïc, conforme aux règles d'égalité (entre les individus et entre les sexes) et de respect de la vie privée des individus. Privée, et dans ce cas, intime. Une demande en nullité de mariage formée en contravention de ces principes doit être vouée à l'échec.


Et la justice ne peut, au nom de je ne sais quel respect des traditions, cultures ou religions, laisser pervertir le mariage civil. Qui pourrait en effet souscrire à la thèse du mensonge sur... la virginité et non sur le défaut même de cette "qualité" ? "En mariage trompe qui peut", dit doctement un de nos vieux adages de droit.


En vérité, ce jugement fait bien de la virginité la cause de la nullité. A l'évidence, il porte atteinte à ce qui fonde notre justice. Et gomme, du même coup, la liberté d'une femme, égale à celle d'un homme, de disposer d'elle-même ! Le tribunal de Lille aurait donc, à tort et sans le mentionner formellement, pris en considération la religion du mari français. Il est musulman. Les attendus du jugement ne laissent aucun doute, ils insistent sur la "perception" que le mari avait eue de la virginité de l'épouse. Gageons que si un jeune Durand ou Dupont avait sollicité l'annulation de son mariage pour les mêmes motifs le tribunal, après avoir ri, ou cru à un gag, aurait rejeté rapidement la demande. Et condamné aux dépens. Mais le justiciable de Lille, encore une fois, est musulman. Et du coup l'indignation générale provoquée par l'annulation du mariage se mâtine de relents islamophobes.


Les musulmans peuvent-ils être des Français comme nous ? La question est dans tous les non-dits. Personne ne songe aux mariages - chasteté exigée - des juifs orthodoxes, à papillotes et à perruque ? Ni à ceux des catholiques intégristes disciples de Monseigneur Lefebvre, priant régulièrement à Saint-Nicolas-du-Chardonnet ?


La justice française, en faisant accéder la virginité d'une femme à la dignité de "qualité essentielle" a d'abord cédé à la facilité. Deux époux d'accord pour en finir, un procureur routinier. Dossier réglé, nullité prononcée. Nous voilà du même coup rejetés des siècles en arrière, confrontés à une mise en cause des principes de notre justice. Il eût été pour les époux si simple de divorcer par consentement mutuel. Pas d'enfant, pas de pension, pas de prestation compensatoire. La demande en nullité, présentée le 26 juillet 2006, a fait l'objet d'un jugement le 1er avril 2008.


Parions qu'une procédure discrète et consensuelle de divorce eût été plus rapide ! Et aurait relégué la sacralisation de la virginité de la femme au rang de fantasme d'un homme, d'un mâle du temps des prédateurs sexuels. Que ce fantasme soit d'origine religieuse ou non ne doit en aucun cas intéresser nos juges. Au lieu du divorce, on nous sert un grand déballage. Débats tous azimuts, médias alléchés, gouvernement incohérent. Qui a bien fait, dans sa volte- face, d'ordonner enfin un appel.


Mais cette effervescence a permis, en subliminal, de mettre une fois de plus en accusation les musulmans. Egalité des sexes, dignité des femmes, tels sont les impératifs de notre droit qui excluent, dans tous les cas, la prise en compte de réflexes communautaristes. Le jugement de Lille a méconnu la donnée de base. Il ne pouvait concerner que deux justiciables français, soumis à la laïcité républicaine de notre droit. Rien de moins. Mais, aussi, rien de plus.

Partager cet article
Repost0

commentaires

R
<br /> Il manque à votre exposé une donnée fondamentale: la fiancée avait déclaré à son futur, qui le lui demandait, qu'elle était effectivement vierge.<br /> <br /> <br /> Même dans un couple athée ce mensonge, déjà révélateur de relations de confiance assez problématiques, aurait pu permettre l'annulation de ce contrat de mariage.<br /> <br /> <br /> Eh oui le mariage est aussi un contrat et comme pour toutes les conventions il n'est pas accepté de tromper son cocontractant car alors le consentement a été vicié.<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
P
Vous avez "oublié" de passer mon deuxième message qui complète le précédent : l'insémination artificielle, ça existe. Alors pourquoi les mariages annulés pour impuissance ne sont-ils pas scandaleux ?
Répondre
A
<br /> erreur de manip<br /> comme je vous disais , le mariage c'est pas le labo<br /> A part cela je ne suis pas une spécialiste de l'annulation du mariage, je ne connais que le divorce, et , à la limite je me demande si cette notion même d'annulation de mariage n'est pas<br /> complètement surannée et si elle ne devrait pas céder la place au simple divorce (?)<br /> Etes-vous certain du reste que l'impuissance soit une cause d'annulation ?<br /> Une fois encore, je n'ai pas étudié à ce point cette question. Je ne suis pas une spécialiste<br /> Et j'ai un doute sur ce point, car ça ne me emble pas du même ordre que tromperie grave sur le fait qu'on a déjà des enfants, qu'on a été marié ou choses de ce genre, en ayant fait croire le<br /> contraire, ou bigamie qui est interdite.<br /> Et une chose que je sais c'est que les causes d'annulation du mariage ne sont pas énumérées par la loi, hormis la notion générale de "tromperie sur les qualités essentielles". Ces qualités<br /> elles-mêmes ne sont pas nommées.<br /> Je ne puis vous en dire plus.<br /> <br /> voyez le code civil ici cité : http://david.melison.free.fr/cciv/L1T5C1.htm#144 & http://david.melison.free.fr/cciv/L1T5C4.htm#180<br /> la loi invoquée dans le cas de ces fameuses "qualités essentielles" sur lesquelles il y a tromperie concerne l'article 180 du code civil de l’article 180 du<br /> Code civil a été modifié par la loi n° 75-617 du 11 juillet 1975 afin d’ajouter la possibilité de demander la nullité du mariage en raison d’une erreur sur les qualités essentielles de la<br /> personne.<br /> <br /> Donc après, il faut voir les qualités retenues. Mais il n'est pas question particulièrement d'impuissance du mari, mais les qualités qui ont été retenues dans certains jugements nomment<br /> l'"incapacité d'avoir des elations sexuelles normales" de même que "refus d'avoir des enfants". Ce qui concerne aussi bien le mari que la femme.<br /> <br /> <br />
P
Par ailleurs, vous êtes au courant que la procréation assistée existe ?
Répondre
A
<br /> oui, mais pour le désir, le plaisir, c'est pas pareil. Le mariage c'est pas le labo. Si le but du mariage ou sa raison d'être est de créer une famille, il y a la vie<br /> sexuelle  aussi qui en fait partie et qui est la base.<br /> L'équivalent de l'impuissance de  l'homme, pour une femme, ce serait de se refuser à son mari. C'est une cause de divorce.<br /> <br /> <br />
P
"Je crois avoir compris que la<br /> règle du mariage exprimant son but et sa raison d'être, règle tant<br /> civile que religieuse, est la constitution d'une famille, la<br /> procréation."Donc vous justifiez l'inégalité homme/femme dans le mariage, et vous dites bien que l'homme se réduit à sa fonction procréatrice. Apparemment, l'"égalité", ça vaut seulement pour la femme.
Répondre
A
<br /> je crois que  pour faire un enfant il faut être deux ; c'est moins une question d'égalité ou inégalité que de différence.<br /> <br /> <br />
P
Victimisation capillotractée !<br /> Les attendus du jugement ne laissent aucun doute, ils insistent sur la "perception" que le mari avait eue de la virginité de l'épouse. Gageons que si un jeune Durand ou Dupont avait sollicité l'annulation de son mariage pour les mêmes motifs le tribunal, après avoir ri, ou cru à un gag, aurait rejeté rapidement la demande. Et condamné aux dépens. Mais le justiciable de Lille, encore une fois, est musulman. Et du coup l'indignation générale provoquée par l'annulation du mariage se mâtine de relents islamophobes. <br /> <br /> Dans notre belle France, 2 sous-groupes de français comme tout le monde portent une attention spécifique à la virginité de l'épouse à partir d'une base reliieuse même si aucune prescription canonique n'existent dans l'une comme dans l'autre religion. L'autre religon est le courant fondamentaliste du catholicisme. <br /> <br /> Donc, si le procureur, à partir de la perception spécifique , aurait pu faire la même remarque pour un Durant ou un Dupont qui eût été catho-tendance FSPX.<br /> <br /> Je dirais que supposer que les femmes ne sont plus vierges au mariage ailleurs que dans l'Islam est une forme de racisme qui suppose que les autres monothéismes ne sont plus capables de pratiquer "la vertu". Tout un courant chrétien prêche actuellement que "l'amour sait attendre" né de la lutte contre les grossesses précoces, car, je ne sais si vous êtes au courant : les filles de 13 ou 14 ans ne savent pas prendre une consultation de contraception quand elles veulent "coucher pour voir". Et comme le préservatif n'a pas la même efficacté anticonceptionnelle que d'autres moyens plus chimiques, quelques églises se sont dit que la revalorisation de la virginité leur donnerait le temps d'apprendre la fréquentaton des centres de planning familial pour adolescent(e)s. La nouveauté est que ces pérdications demandent aux jeunes garçons comme aux jeunes filles de s'engager à la chasteté. Tout l'intérêt de la chose consiste à contraindre les jeunes amoureux de retrouver des sujets de conversation qui leur serviront plus tard, (quand ls seront très vieux) s'ils mènent au bout leur projet de couple.<br /> <br /> Même si classer la virginité comme "qualité intrinsèque de la femme" est bizarre, en cela que le mariage devient alors une prédation puisque le moment où cette qualité intrinsèque est alors corrompue sans rémission, je voudrais signaler que cette exigence non réciproque sévisait dans notre société française "développée" et "laïque" des 30 glorieuses avant 1968. Les parents des jeunes français(e)s d'origine maghrébine sont arrivés après 1968 et n'en ont jamais entendu parler dans leurs familles. Les jeunes nés en France, revendiquent cette pratique comme un surcroit d'identité alors qu'elle n'appartient pas spécifiquement à l'Islam, le prophète ayant épousé une femme veuve. <br /> <br /> A mon humble avis, ce n'est pas la virginité avant le mariage qui est stigmatisable mais la revendication unilatérale qui en est faite à la femme par certains courants religieux. Une telle exigence bilatérale et réciproque me semble une ascèse porteuse de renouvellemet des relations entre les hommes et les femmes dont il n'y a pas lieu de rire.<br /> <br /> Nota : je n'ai jamais songé à prêcher cela par chez moi. Mais je tâcherais de me remettre à penser la question à nouveaux frais quand j'aurais des petits enfants.
Répondre