Le laisser-faire bénéficie aux plus forts, sous divers rapports. La liberté c'est tout autre chose et ça n'est pas la "chose" de wikipedia.
Vous chercherez en vain, dans l'article Sarkozy pour commencer, les réformes initiées qui menacent les libertés publiques, et dans le reste de wikipedia vous ne trouverez rien non plus : pas un mot, ni de l'état des libertés publiques et de ce en quoi elles consistent et ce dont elles dépendent, ni de ces réformes, ni évidemment et conséquemment des analyses et réactions qu'elles ont suscitées. J'ai eu l'occasion de le mentionner. [1]
Aujourd'hui outre le thème des menaces qui pèsent sur les libertés publiques et la liberté de la presse, c'est de malaise dans la civilisation dont il est question, s'ajoutant aux maux précédents , qui est pointé par des psychanalystes, immédiatement rejoints par les professionnels de l'éducation, de la justice, de la culture, qui ressentent ce même malaise et veulent organiser une résistance. Car il en va de la possibilité du vivre ensemble dans notre société et de l'avenir de notre civilisation pour laquelle la liberté est le bien le plus précieux, comme disait Rousseau, sans oublier l'égalité bien sûr -et là il faudrait carrément changer de paradigme, le capitalisme étant arrivé en fin de course, ajouterai-je, comme sont de plus en plus nombreux à le penser, les têtes pensantes et les citoyens qui réfléchissent.
Témoin de cette résistance à ce qui menace la civilisation : l'appel des appels déjà signé par des milliers de professionnels qui oeuvrent dans ces domaines. C'est un événement. Bien entendu on n'en trouve pas trace dans wikipedia cette immense encyclopédie qui parle de tout et privilégie le banal et l'anecdotique et dont le conformisme étouffe complètement ce genre de choses qui n'intéressent pas plus ses rédacteurs que la défense de la laïcité menacée quand notre président explique que le curé vaut mieux que le professeur pour l'éducation morale qui supposerait qu'on ne puisse se passer de religion.
Après les lois contribuant à aggraver le massacre de l'école, après les lois abordant les problèmes de délinquance sous l'angle de la seule répression avec incarcération pour toute réponse - à partir de 12 ans avait même suggéré Rachida Dati qui certainement applique docilement les idées du président-, celui-ci s'en est pris au dressage des enfants qui doivent être testés comme des cobayes et redressés le plus tôt possible -on connaît sa conception dix-neuvièmiste de l'hérédité des problèmes psychiques et sociaux et de leur caractère génétique- , voilà qu'il se pique maintenat de s'occuper directement de la santé mentale appréhendée là aussi davantage sous l'angle de l'enfermement que de l'accompagnement d'une souffrance et du soin et qu'il entend transférer les décisions d'enfermement des mécecins aux Procureurs. Le déni de la maladie psychique et de la souffrance qu'elle représente, après la mise en concurrence des Universités selon une conception qui relève plus du marché que de l'instruction et de la diffusion de la culture, le mépris de la culture affiché et la recherche maltraitée, après des réformes de la Justice qui relèvent d'une vision sécuritaire des rapports sociaux, trop c'est trop. Pour les personnels de santé c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Je publie le texte de l'appel [2] avec l'explication des initiateurs et de leurs motifs, paru dans cet article de Libération. :
Roland Gori parle tout bas. Toujours courtois, ce professeur de psychopathologie à l'université d'Aix-Marseille, psychothérapeute et militant, est, à 60 ans, la cheville ouvrière de l'Appel des appels. «Cela fait des années que je signe des pétitions, ou que j'en initie. Aujourd'hui, il s'agit de trouver d'autres formes, où les gens partagent ensemble leurs expériences.» Puis, avec un ton unpeu plus professoral : «Nous sommes face à une maladie de civilisation. Le temps des pétitions est dépassé, le temps des réactions est révolu, il convient d'établir un cahier de charges et de décharges pour définir ce que pourrait être une nouvelle politique de civilisation.»
D'où cet Appel des appels, qui rencontre un succès impressionnant, avec déjà plus de 20 000 signatures. Ce texte se veut la convergence des dizaines d'autres «appels pétitions» circulant depuis plusieurs semaines autour de ce sentiment de «malaise» qui envahit un peu partout la société.
Sidérée. Petit retour en arrière. Tout a commencé le 2 décembre. Ce jour-là, Nicolas Sarkozy, présentant son plan de sécurisation des hôpitaux, tient un discours d'une grande brutalité à l'hôpital psychiatrique d'Antony (Hauts-de-Seine). Le président n'a pas un mot pour la souffrance des patients. L'assemblée qui l'écoute est sidérée. Passé cette stupeur, un trop-plein de réactions jaillit. Ce discours est «la» goutte d'eau. Mais il y en a eu d'autres, beaucoup d'autres, auparavant. Pour Roland Gori, la vraie naissance de cet appel s'ancre dans l'énorme succès de la pétition «Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans», lancée au début de l'année 2006. Plus de 200 000 signatures. A l'époque, déjà, figure en ligne de mire Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et son projet de loi de prévention de la délinquance incluant des politiques de dépistage «dès l'âge de 3 ans», pour identifier les enfants à risque. «Nous professionnels, ne voulons pas devenir des auxiliaires de justice», nous disait alors, le pédopsychiatre Pierre Delion.
«Le groupe Non au zéro de conduite existe toujours, raconte Roland Gori. On a rencontré beaucoup de chercheurs, on a discuté.» Car au même moment, le collectif Sauvons la recherche se met en action. Il réunit de nombreuses figures du monde de la recherche et de l'Université, regroupées autour des questions d'évaluation et inquiets de la nouvelle Agence de la recherche, alors en gestation. En matière de psychothérapie, aussi, des îlots de résistance voient le jour. Les uns pour dénoncer le poids démesuré pris par les neurosciences, les autres s'alarmant de ces évaluations conçues à partir de modèles statistiques incapables de prendre en compte la complexité des mystères de la vie.
Désobéissance. Depuis l'automne 2008, est-ce l'effet de la crise ou de l'accumulation de projets de loi contestés ? En tout cas, tout s'accélère. Pas une semaine ne passe sans qu'il n'y ait une pétition ou un texte de révolte. Dans les colonnes de Libération , des psys travaillant dans le milieu pénitentiaire appellent ouvertement à la désobéissance devant la rétention de sûreté, qui prévoit le maintien en prison de détenus très dangereux, même à l'issue de leur peine. «Nous refuserons d'appliquer cette loi liberticide», explique ainsi le psychanalyste Franck Chaumont.
Roland Gori connaît bien la présidente de Sauvons la recherche. D'autres s'allient avec des magistrats, mais aussi avec la Ligue des droits de l'homme. Ils veulent être 100. Ils seront beaucoup plus. «Nous avons quelque chose en commun. C'est le concept même du vivre ensemble qui est attaqué, remis en cause. Et la crise du capitalisme financier est venue nous le signifier, en nous révélant que la logique actuelle nous conduit droit dans le mur.» Quelle logique ? « Les valeurs du capitalisme financier - la mobilité, la flexibilité, la précarité, l'immédiateté - sont en action . Elles viennent décomposer nos métiers du soin, de la justice, de l'éducation, de la recherche, de la culture, etc.» Ou encore : «Nous souffrons, tous, de cette logique. Une logique selon laquelle la société n'est qu'une entreprise...»
Ils se veulent comme un courant d'air. Une grande rencontre est prévue le 31 janvier, dans le tout nouveau lieu culturel de Paris, le 104, rue d'Aubervilliers. Avec un mot d'ordre : ne plus se résoudre à être les employés de... cette «société-entreprise».
source Libération
Journal sur lequel on pourra consulter également les articles suivants, concernant les principaux sercteurs concernés qui lancent ces signaux d'alarme et appellent à la résistance à tout ce qui menace les libertés publiques :
- Le front des refus s’organise
- «L’insupportable déni de la maladie psychique»
- «La mise en cause des valeurs de l’Université»
- «Une vision sécuritaire des rapports sociaux»
- «Contre un grand marché libéral de l’école»
- «On assiste à une mise à mal de tous les relais»
- «L’Appel des appels»
Alithia
notes
[1] affaire de Filippis et liberté d'expression, inconnues de wikipedia ; libertés & liberté d'expression wikipedia devrait s'informer ; liberté de la presse, une réforme ignorée de wikipedia ; libertés menacées : ce dont wikipedia ne parle pas ;
plus ancien, sur laïcité et liberté d'opinion : sur la laïcité : les principes qu'ignore wikipedia et la culture de wikipedia, c'est pas la culture de la liberté